Des milliers de plantes comestibles méconnues
Avant de vous parler du micocoulier et de la micocoule, je voudrais vous citer quelques chiffres étonnants à propos des plantes.
On estime que sur les 400 000 espèces de plantes recensées à ce jour, environ 20% sont comestibles. Il existerait donc environ 80 000 espèces de plantes comestibles à travers le monde !
Parmi ces 80 000 espèces comestibles, 50 plantes assurent à elles seules 90 % de l’alimentation humaine !
Et sur la terre, 4 milliards de personnes dépendent entièrement de trois plantes cultivées que vous connaissez bien : il s’agit du riz, du maïs et du blé.
Cela appelle quelques réflexions…
La première, c’est que même si on s’intéresse de près à la botanique, on en sait finalement très peu sur les différentes formes de vies végétales qui habitent notre belle planète.
La seconde, c’est que dans notre assiette, nous ne rencontrons qu’une infime partie de l’incroyable biodiversité comestible qu’elle nous offre.
Cela me donne au moins deux bonnes raisons de consacrer un article à un fruit comestible qui pousse en France mais qui reste encore très peu connu. L’arbre qui porte ce fruit s’appelle le micocoulier.
Le micocoulier, un peu de botanique
Généralités
Le nom latin du micocoulier est « Celtis australis« . Comme l’orme, il appartient à la même famille des Ulmacées. Le genre comprend environ 70 espèces répandues dans des régions tempérées chaudes de l’hémisphère nord, en Europe méridionale, en Asie orientale et méridionale.
En France, le micocoulier est un arbre typique du sud. On le rencontre largement sur le bord méditerranéen ainsi que dans le bassin du Rhône jusque Lyon, mais aussi de façon plus clairsemée dans d’autres régions, notamment en région parisienne.
Aspect du micocoulier
Le micocoulier est un bel arbre au port arrondi qui peut atteindre 20 m de haut sur 10 m de large. Dans le Midi, il fait concurrence aux platanes pour ombrager les avenues et autrefois, on utilisait son bois très dur pour fabriquer des fourches et des manches d’outils agricoles.
On reconnait le micocoulier à son écorce grise et lisse et surtout à ses feuilles ovales, rugueuses et dentées avec une extrémité effilée qui ressemblent un peu à la feuille d’ortie. C’est d’ailleurs pour cela que dans certaines régions, on le surnomme « l’arbre aux feuilles d’ortie«
Elles ont une couleur vert tendre au printemps puis elles s’assombrissent progressivement avant de prendre une couleur jaune pâle en automne. En été, elles fournissent une ombre dense, très appréciée par les joueurs de pétanque.
Les fleurs printanières sont très discrètes et donnent de tous petits fruits charnus et ronds qu’on appelle les micocoules.
Les micocoules
Les micocoules sont des petites drupes vertes au printemps, qui deviennent noires lorsqu’elles mûrissent en automne.
Elles sont tout à fait comestibles et très sucrées, avec un bon goût de caramel. A l’intérieur on trouve un gros noyau ridé dont on peut extraire une huile qui ressemble un peu à l’huile d’amande douce.
Le goût des micocoules est très agréable et on peut se demander pour quelle raison on ne les connait pas plus. C’est certainement lié au fait qu’elles sont petites et peu charnues. On a un gros noyau avec peu de chair autour. En d’autre terme, c’est un fruit dont l’exploitation commerciale serait peu rentable.
En fait c’est le cas pour de nombreuses plantes comestibles. C’est avant tout l’intérêt économique qui fait que l’on va les retrouver – ou pas – sur les étals.
Dans le cas des micocoules, c’est finalement une bonne chose pour les oiseaux qui s’en régalent en hiver. Puisque vous ne pouvez pas les trouver dans le commerce, pourquoi ne pas faire comme eux et aller goûter les micocoules dans la nature, en les cueillant directement à l’arbre. Le plaisir n’en est que plus grand ! 🙂
Propriétés médicinales
Le micocoulier n’est pas utilisé en phytothérapie. Cela dit, comme de nombreuses plantes, il possède des propriétés que Paul-Victor Fournier rappelle :
Les feuilles, les jeunes pousses et l’écorce prises en décoction ont des propriétés astringentes. On peut utiliser cette décoction contre la diarrhée et pour ralentir les écoulements muqueux.
Recettes d’antan
Autrefois on utilisait les micocoules pour fabriquer une liqueur qu’on appelait la fiole de sauve-chrétien ou encore la liqueur des fenêtres parce qu’on devait la laisser reposer 40 jours à une fenêtre avant de la consommer.
En Provence, la tradition était de boire un verre de cette liqueur à Noël juste avant de se rendre à la messe de minuit. Pour ceux qui aimeraient renouer avec cette tradition, voici la recette que j’ai testée pour vous :
Ingrédients :
- 400 g de micocoules, récoltées directement sur l’arbre à partir de septembre, lorsqu’elles sont bien noires et bien sucrées.
- Alcool 40° type vodka
- 25 g de sucre
Réalisation :
- Remplissez un bocal ou une bouteille de micocoules
- Ajoutez le sucre
- Couvrez d’alcool
- Refermez et placez la bouteille durant 40 jours derrière une fenêtre ensoleillée avant de consommer (Avec modération, bien sûr !)
Pour découvrir un autre fruit peu connu
Si vous voulez découvrir l’arbousier et des recettes à base d’arbouses, vous pouvez accéder à l’article en cliquant sur l’image ou ici : Arbousier, les secrets de l’arbre aux fraises