Avec sa couleur vive et ses pétales délicats, le coquelicot illumine les paysages de mai par sa beauté. Cette fleur sauvage est souvent la toute première plante à être connue des enfants. Il est vrai qu’avec sa floraison éclatante et spectaculaire, elle ne passe pas inaperçue.
Le coquelicot est aussi une plante que l’on utilise en phytothérapie pour ses vertus sédatives et émollientes. Dans cet article, je vous parle du coquelicot, de son histoire, de ses propriétés médicinales et surtout, je vous explique comment vous pouvez l’utiliser dans le cadre de l’herboristerie familiale !
Origine et histoire du coquelicot
Une adventice des champs de céréales
Le coquelicot est une plante originaire du proche orient, mais qui s’est tellement bien intégrée dans notre paysage que l’on imaginerait pas une saison sans sa présence.
Un jour vous passez à côté d’une prairie verte et le lendemain vous retrouvez cette même prairie recouverte d’un magnifique et spectaculaire tapis rouge écarlate. Le coquelicot est une plante messicole. Ce terme désigne les plantes annuelles « habitant les moissons » .
Le coquelicot est une adventice qui pousse principalement à l’intérieur ou en bordure des champs de céréales. Cependant, le coquelicot se plaît aussi dans les lieux abandonnés par l’homme, comme les friches ou les bords de chemins.
Un nom qui chante !
Connaissez-vous l’origine du nom du coquelicot ?
En fait, le terme « coquelicot » désigne le coq en ancien français. La sonorité de ce mot fait référence au fameux chant du coq, son « coquerico » caractéristique.
De plus, les pétales du coquelicot évoquent la crête rouge vif que possède le coq. Par analogie, la fleur a ainsi pris le même nom que l’animal.
Histoire
Le coquelicot, que l’on appelle aussi « pavot sauvage » est connu depuis l’Antiquité pour ses vertus sédatives. On dit de lui que c’est l’ »Opium du peuple » car il a la réputation de procurer un sommeil serein, calme et réparateur contrairement au pavot somnifère (Papaver somniferum) qui est soporifique et génère un sommeil agité.
Les Égyptiens utilisaient ses graines comme condiment et ils suspendaient des guirlandes de ses pétales dans leurs tombeaux. Ils assuraient ainsi aux défunts un éternel sommeil. Plus tard, les Grecs puis les Romains ont mêlé les semences de coquelicot à leurs gâteaux autant pour le plaisir du palais que pour leur effet curatif.
Pendant des siècles, le pavot sauvage a été le remède par excellence utilisé par nos aïeux pour faire dormir enfants, adultes et vieillards. Le Roi Soleil en était grand consommateur, en raison de l’apaisement qu’il lui procurait.
Examen botanique du coquelicot
Le coquelicot, « Papaver rhoeas » appartient à la famille des Papavéracée. C’est une plante annuelle à latex, très commune en Europe, mesurant de 60 à 80 cm
Des feuilles profondément découpées
Dès les débuts du printemps on peut repérer le coquelicot à sa rosette de feuilles velues, découpées en segments allongés à bords dentés. Généralement ces feuilles sont alternes.
Petit à petit apparaissent les tiges, surmontées de bourgeons ovales et verts, garnis d’une toison de poils blancs assez caractéristiques.
Des fleurs écarlates
Enfin, ce n’est qu’à partir du mois de mai que les fleurs s’épanouissent, et égayent de leur pétales rouges les prairies et les jardins jusqu’en juillet.
Les fleurs possèdent un pédoncule velus et portent une fleur à pétale rouge écarlate, avec un onglet noir. Ce sont de grandes fleurs solitaires. Le calice est formé de 2 sépales velus qui tombent au moment de l’épanouissement de la corolle.
Les étamines son nombreuses, à anthère noir-bleuté, portées par de minces filaments noirs. Les stigmates sont réunis en un disque.
Des fruits en capsules
Le fruit du coquelicot est une petite capsule ovoïde d’1 cm, étroite et glabre. Elle est formée d’environ 10 rayon stigmatiques et contient un très grand nombre de graines : 20 000 à 50 000 graines par an !
Propriétés médicinales du coquelicot
C’est à des substances alcaloïdes contenues dans le latex de la plante entière et en particulier à la rhœadine que le coquelicot doit ses propriétés sédatives. En revanche, il ne contient pas, contrairement à son cousin le pavot somnifère, de morphine.
La rhœadine calme et adoucit mais n’entraîne aucune accoutumance. C’est pourquoi le coquelicot fut longtemps appelé « l’opium inoffensif du peuple ».
Le coquelicot possède aussi des vertus antitussives dues à la présence de mucilages qui permettent de calmer les toux rebelles. Il est prescrit en tisane soit pour calmer les affections de la gorge et du système respiratoire (mauvais rhumes, bronchites, angines, asthme et coqueluche), soit pour calmer une nervosité excessive.
Parties utilisées
Les fruits et les pétales
Les fruits du coquelicot sont employés en herboristerie mais ce sont surtout les pétales récoltés de mai à juillet que l’on utilise. Attention cependant, la dessiccation doit se faire très rapidement car les pétales du coquelicot noircissent rapidement.
Récolte des pétales
Juste après la cueillette des pétales, vous pouvez les faire sécher à plat sur un torchon à l’abri de la lumière, puis les conserver dans un bocal hermétique. Si les pétales séchés virent au noir, cela signifie qu’ils ont souffert d’humidité. Ils sont alors abîmés et ne conviennent plus à un usage médical.
Le coquelicot dans l’herboristerie familiale
La tisane « zen » à base de coquelicot
Ce sont les glucosides anthocyaniques qui donnent sa belle couleur rouge au coquelicot et teintent les tisanes de façon surprenante. Pour une tasse, faire infuser dix minutes, quatre à cinq pétales de coquelicot. Vous pouvez en boire plusieurs tasses par jour pour un effet apaisant (ne pas donner aux enfants de moins de six ans).
En cas de nervosité ou d’irritabilité vous pouvez prendre cette même tisane 1 à 2 fois dans la journée. Cette tisane a également un effet calmant sur les toux sèches.
En usage externe, on utilise une tisane plus dosée (20 g de pétales séchés par litre d’infusion) en compresses pour soulager les abcès dentaires et les maux des yeux. Toujours en compresses, cette tisane s’avère un anti-rides efficace.
Pour bénéficier d’un effet de synergie, vous pouvez associer d’autres plantes au coquelicot. Par exemple la mélisse, la marjolaine et le tilleul que vous ajoutez au coquelicot à part égales. Vous prenez une tasse le soir au coucher avec 1 cuillère à café de ce mélange pour une tasse d’eau (pour les enfants à partir de 6 ans, diviser les doses par deux).
Le sirop de coquelicot des enfants
Ce sirop est un grand classique. Il possède une action antitussive, antispasmodique, expectorante et calmante.
Préparation du sirop
Faites infuser une grosse poignée de pétales de coquelicot (environ 60 g) dans un litre d’eau pendant une demi-journée, puis filtrez et ajoutez la même quantité de sucre roux ou de miel. Faites bouillir doucement jusqu’à l’obtention d’une consistance sirupeuse. Vous pouvez améliorer le goût avec des graines d’anis vert ou de fenouil.
Indication et posologie
Ce sirop calme la toux et supprime les spasmes tout en favorisant l’expectoration. Vous pouvez le prendre en cas de rhume, de bronchite, d’asthme, d’angine ou de troubles du sommeil. Posologie : 1 à 3 cuillères à café par jour pour les enfants à partir de 6 ans et 1 à 3 cuillères à soupe par jour pour les adultes.
L’huile solarisée de coquelicot antiride
Ingrédients
Elle se prépare avec des pétales frais de coquelicot mis dans un bocal avec un mélange d’huile de tournesol, de noisette et de jojoba.
Recette
Par jour de grand soleil, commencez par récolter des pétales de coquelicot et laissez-les sécher pendant une demi journée, sur un torchon, dans un endroit aéré et à l’ombre.
Emplissez un bocal de pétales aux trois quarts. Complétez ensuite avec un mélange d’huile composé de 70% d’huile de tournesol, 10% d’huile de noisette et 20% d’huile de jojoba.
Après fermeture et étiquetage, placez le bocal recouvert d’un sac de papier kraft ou d’un linge sur un mur en plein soleil. Laissez le macérer pendant trois semaines en veillant à dynamiser le contenu chaque jour.
Au bout de trois semaines, filtrez la préparation à l’aide d’un tissu propre. Veillez à bien presser le tissu pour en extraire tout le jus. Pour assurer une meilleure conservation de cette huile, vous pouvez ajouter 1% de vitamine E.
Les deux utilisations possibles de cette huile de coquelicot
En application quotidienne cette huile prévient les rides, adoucit et réhydrate les peaux sèches.
En massage sur la poitrine, cette huile calme et apaise les toux chroniques ainsi que les crises d’asthme. On peut en faire un usage quotidien chez les enfants et les personnes âgées.
Décoction sédative à base des fruits du coquelicot
Utiliser des capsules encore vertes
La fleur de coquelicot donne naissance à des fruits en forme de capsules qui contiennent un très grand nombre de graines minuscules. Il est possible d’utiliser ces capsules à demi sèches (donc avant leur pleine maturité) pour réaliser une décoction sédative.
Préparation
Pour cela prenez 8 à 10 capsules pour 50 cl d’eau, portez à ébullition et laissez frémir durant 5 à 10 minutes, puis laissez reposer encore 10 minutes hors du feu. Buvez cette tisane pour vous aider à bien dormir mais ne la donnez pas aux enfants de moins de 8 ans.
L’option du cumin et du miel
En Afrique du Nord, on utilise les graines des capsules contre la rougeole. Le malade prend tous les soirs un verre d’une décoction de 8 capsules par litres (ébullition douce pendant 10 minutes) à laquelle on ajoute, pour plus d’efficacité, de la poudre de cumin et du miel.
Les graines se récoltent lorsque la capsule du fruit est encore verte avant que son petit chapeau chinois ne se soulève et ne libère les précieuses semences.
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Nos sources pour rédiger cet article
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