La grande famille des pins
Le genre Pinus compte une centaine d’espèces différentes : le pin sylvestre, pin maritime, pin noir, pin des Alpes, pin parasol, pin de Sibérie pour n’en citer que quelques uns.
Dans son dictionnaire des plantes médicinales, Paul Victor Fournier nous précise que pour un usage médicinal, il est inutile de distinguer les différentes espèces de pins.
Si des pins poussent près de chez vous, il est peut-être intéressant de vous constituer une petite réserve de bourgeons de pin séchés dans votre herboristerie familiale. Lorsque les premiers froids arrivent, si vous êtes un peu sensible au niveau des bronches, vous serez content de pouvoir les utiliser dans vos tisanes, en les associant à d’autres plantes.
Le Pin d’Alep (Pinus halenpensis)
Je vais vous parler plus précisément du pin d’Alep, car c’est celui qui pousse près de chez moi. Le pin d’Alep est le pin typique de la méditerranée. Il ne pousse pas au-delà de 900 m d’altitude et forme de grandes forêts dans le midi de la France. Il commence désormais à se propager en direction de l’Ouest, où on le retrouve jusqu’en Charente maritime.
Pour visualiser le répartition du pin d’Alep en France , suivez ce lien : répartition du pin d’Alep
Comme c’est le cas pour de nombreux conifères, les hommes ont beaucoup exploité les pins pour la résine en pratiquant des plaies sur son écorce. Des huiles essentielles sont naturellement présentes dans cette résine, d’où le nom d’oléorésines donné aux produits des pins et des sapins. C’est d’ailleurs à partir de ces oléorésines que l’on fabrique les essences de térébenthine en pratiquant une distillation à la vapeur d’eau.
Description botanique du pin d’Alep
Tous les pins sont des espèces monoïques, ce qui signifie que ce sont des arbres qui portent les organes mâles et femelles sur un même pied.
Les inflorescences mâles sont très nombreuses. Elles sont groupées en épis à la base des rameaux de l’année. Le pollen est tellement abondant qu’il provoque de véritables « pluies de souffre » chaque année et de nombreuses allergies dans les villes.
Cônes mâles du pin d’Alep. Après avoir libéré leur pollen, les cônes mâles tombent et on les retrouve, longtemps après, au pied des arbres.
Sur le pin d’Alep, les cônes femelles sont de petites pommes de pin rouges et charnues qui poussent à l’extrémité des rameaux. Ces cônes femelles n’arrivent à maturité qu’à l’automne de l’année suivante et finissent par s’ouvrir pour libérer des graines ailées qui sont dispersées par le vent.
Jeune cône femelle de pin d’Alep (inflorescence femelle)
Cône de pin d’Alep encore fermé, au début de sa seconde année
Lorsque les pignes de pin sont arrivées à maturité, elles s’ouvrent sous l’effet de la chaleur. Les graines qui portent une longue aile sont emportées par le vent et disséminées loin de l’arbre.
ll faudra donc deux années pour que la petite fleur femelle se transforme en une pomme de pin mûre prête à s’ouvrir. Au printemps on trouve sur les pins trois tailles de cônes, les petits cônes femelles de l’année à l’extrémité des rameaux, les cônes devenus fruits de l’année précédente, de taille moyenne, situés en dessous des fleurs, placés sur le côté. La distance entre les deux cônes illustre la croissance du rameau en une année.
Le pin : propriétés médicinales
Tous les conifères fournissent des éléments intéressants d’un point de vue thérapeutique. C’est le cas de tous les pins et en particulier de leur produits dérivés.
Ainsi, la résine et la térébenthine sont diurétiques et rubéfiantes en usage externe (friction). Elle sont sudorifiques et employées pour certaines affections du système urinaire, les rhumatismes et les crises de goutte.
En aromathérapie, les huiles essentielles obtenues par distillation des aiguilles du pin Sylvestre sont employées en diffusion atmosphérique, olfaction, inhalation, bain, massage et voie orale. Elles constituent un remède en cas d’asthénie, d’insuffisance testiculaire, de diabète, de congestion utérine, de bronchite, de sinusite, d’asthme, d’arthrite etc.
Les huiles essentielles de térébenthine ou « essences de térébenthine » obtenues par distillation de la résine sont surtout utilisées dans l’industrie du parfum et des arômes. Cependant, elles étaient employées autrefois comme expectorant, hémostatique, antiseptique, antirhumatismal et antinévralgique.
Le goudron végétal que l’on obtient par la combustion très lente des bois résineux est utilisé comme antiseptique et, en usage externe, sur les dermatoses.
Le pin : intérêt pour l’herboristerie familiale
Dans le cadre de l’herboristerie familiale, j’aimerais vous parler plus particulièrement du bourgeon de pin car vous pouvez facilement le récolter pour faire vos propres préparations. Mais commençons d’abord par évoquer la cueillette de ces bourgeons.
La cueillette des bourgeons de pin
La cueillette se fait en général à la fin de la période de dormance, autour de février/mars en fonction des régions. Le bourgeon doit être encore souple, un peu collant, non épanoui. Pour votre récolte, privilégiez les zones non polluées bien sûr, éloignées des routes.
Agissez toujours dans le respect de la plante
Veillez à ne prélever que la stricte quantité de bourgeons dont vous aurez besoin. Par exemple, pour réaliser un macérat glycériné que vous pourrez conserver plusieurs années, quelques grammes suffisent.
Ramassez vos bourgeons uniquement sur les branches basses pour permettre à l’arbre de se développer vers le haut. Cela lui permettra de garder toutes ses chances dans la compétition pour la lumière.
Ne récoltez jamais plus d’1/3 de bourgeons sur une même plante… sinon pas de fleurs ni de fruits…Enfin, attendez trois ans avant de revenir cueillir sur un même arbre.
Le pin : propriétés du bourgeon
Comme je l’ai mentionné un peu plus haut, la pharmacie utilise en théorie les bourgeons de pin sylvestre, mais il est possible d’utiliser tous les autres pins. L’herboristerie utilise moins les bourgeons de sapin en raison de leur petite taille, mais ils sont tout aussi intéressants.
Les bourgeons de pins contiennent de nombreux éléments, dont des oléorésine, flavonoïdes, monoterpènes, et esters terpéniques. Ces éléments leur confèrent des propriétés intéressantes pour :
- Les maladies pulmonaires
- Les inflammations articulaires
- Les infections urinaires
Soulager la congestion des bronches et toux grasses
Le bourgeon de pin va avoir 3 propriétés très intéressantes. Il agit comme :
- Antiseptique des voies respiratoires.
- Fluidifiant bronchique et décongestionnant.
- Expectorant, c’est-à-dire qu’il facilite l’évacuation des sécrétions.
Soulager les douleurs articulaires
On peut appliquer des préparations à base de bourgeons de pin en externe. Cela permet de soulager les inflammations articulaires : arthrose, arthrite, rhumatisme. Cela peut se faire sous la forme d’un macérat huileux que l’on applique localement sur les articulations douloureuses. Pour plus d’efficacité, vous pouvez ajouter des huiles essentielles anti-inflammatoires. Celles-ci interviendront en synergie avec le macérat ( par exemple les HE classiques de type gaulthérie couchée).
Le pin : les préparations à base de ses bourgeons
Des préparations nombreuses et variées à base de bourgeons de pin
Depuis l’Antiquité, les hommes utilisent le bourgeon de pin en tisane pour agir sur les problèmes respiratoires. Paul-Victor Fournier recommande d’utiliser des doses de 20 à 30 g de bourgeons secs pour 1 litre d’eau. Pour une tasse à thé, cela fait dans les 5 à 7 g. Vous versez l’eau bouillante et vous faites infuser 10 minutes.
Les préparations que vous pouvez réaliser vous-mêmes sont nombreuses : infusion, teinture mère, macérat huileux ou encore sirop de bourgeons de pin.
Toutes ces préparations présentent des intérêts spécifiques. Pour ma part, j’apprécie plus particulièrement une autre forme de préparation : l’extrait gemmothérapique.
Le pin : cas particulier de la gemmothérapie
Une forme galénique particulièrement intéressante
Concernant le bourgeon de pin, je trouve que c’est l’une des formes galéniques les plus intéressantes pour deux raisons:
1 – Le pin contient des résines difficilement solubles dans l’eau (cas de la tisane par exemple). En gemmothérapie, l’extraction des principes actifs se fait sous l’effet d’un solvant tripartite : eau, glycérine et alcool. Cela maximise l’extraction des principes actifs qu’ils soient hydrosolubles, liposolubles ou solubles dans l’alcool comme les résines.
2 – En tant que tissus embryonnaire (méristèmes), les bourgeons du pin contiennent toute la puissance du futur arbre. L’extrait gemmothérapique constitue donc un concentré d’informations puisqu’il renferme le potentiel de développement de toute la plante. C’est le principe même de la gemmothérapie !
Si vous avez envie de faire votre macérat glycériné de bourgeons de pin, je vous renvoie à cet autre article. Je vous y décris toute la procédure de réalisation :
Comment utiliser les bourgeons de pin en gemmothérapie ?
Propriété du macérat glycériné de bourgeons de pin
Ce macérat agit comme protecteur des articulations et du cartilage. Il est utilisé pour combattre les rhumatismes, les inflammations douloureuses, la sensibilité à l’humidité, les douleurs des grosses articulations (genou, hanche) chez les personnes âgées. Il participe à la protection de l’os (ostéoporose, fractures).
Et vous, quelles sont vos préparations à base de pin ? N’hésitez pas à les partager en commentaire ci-dessous ! 🙂
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