Présentation générale
- Nom latin : Calluna vulgaris, Erica cinerea
- Famille : Ericacées
- Autres noms : Péterolle, bucane, brande, callune, béruée, breuvée…
Bruyère cendrée ou callune commune ?
Derrière le nom de « bruyère », se cache une série d’arbrisseaux, que les botanistes divisent en deux groupes : les bruyères vraies, du genre Erica, et la callune, du genre Calluna.
Ces deux bruyères sont de la même famille et sont également très proches par leurs vertus médicinales. Ce sont toutes les deux des sous-arbrisseaux de 20 à 50 cm de haut, que l’on rencontre en Europe, en plaine comme en montagne jusque 2500 m d’altitude.
Elles sont très communes dans les pays tempérés dans les landes, les tourbières et les pinèdes, exception faite des terrains calcaires.
Un ravissement pour les yeux
Par son aspect décoratif, la bruyère donne un charme particulier aux lieux où elle pousse : falaises maritimes, landes, bois clairs aux sols pauvres qui se colorent en fin d’été des tonalités violettes de ses fleurs.
La bruyère est par ailleurs une excellente plante nectarifère. Elle fournit aux abeilles une matière première abondante, pour la fabrication d’un miel brun très recherché pour le pain d’épice.
A la fin de l’été et jusqu’au début de l’hiver, elles forment souvent d’immenses tapis roses, un régal pour les yeux. Si vous en avez la possibilité, je vous invite à aller vous promener sur une lande couverte de bruyère à cette saison car c’est un réel ravissement !
La calluna vulgaris, une alliée pour les reins
La bruyère commune est précieuse, car elle fleurit de la fin de l’été aux premières gelées hivernales. Avec ses rameaux fleuris, on peut donc préparer à l’automne des décoctions efficaces pour soulager les inflammations de l’appareil urinaire.
Origine et usages
Le nom de « callune » vient du grec « kallynô« , qui signifie « nettoyer ». La callune, comme plusieurs espèces de bruyères, s’utilisait pour la fabrication des balais. Dans certaines régions de France où elle est très commune, comme en Bretagne , on peut encore voir des granges qu’elle recouvre en guise de chaume.
Dans les magnaneries des Cévennes, c’est, entre autres, sur les rameaux de callune qu’on fait « monter le vers à soie ». La chenille, nourrie de feuilles fraîches de muriers, cesse un jour de manger pour s’élever sur les plantes dressées à son intention et où elle tissera son cocon blanc.
Comme la garance ou l’aspérule odorante, la callune fait partie des plantes tinctoriales, c’est à dire des plantes que l’on peut utiliser dans les colorants et les teintures. La décoction de ses rameaux permet de colorer les tissus en brun, en jaune (avec de l’alun) et en noir (avec du sulfate de fer).
En se décomposant, la callune produit le terreau dit de « terre de bruyère« , qu’on utilise pour les végétaux qui redoutent le calcaire.
Ajoutons pour finir que la bruyère a aussi été utilisée comme substitut de thé et même comme substitut de houblon dans la fabrication de la bière.
Distribution de la bruyère
La bruyère commune (Calluna vulgaris) est présente dans toute l’Europe, en Asie occidentale, au Maroc, aux Açores et en Amérique du nord. Elle est commune partout en France sur terrains siliceux. De toutes les bruyères, c’est la plus abondante. C’est un sous-arbrisseau de 20 cm à 1 m de haut que l’on rencontre en Europe, en plaine comme en montagne (jusque 2500 m), dans les landes, les tourbières et les pinèdes. Elle apprécie les sols décalcifiés, acides ou siliceux.
La bruyère cendrée (Erica cinerea) est une plante dont l’aire de répartition est beaucoup plus réduite. C’est une espèce subatlantique qui prospère dans les landes sèches, plutôt chaudes, souvent en association avec la callune et le petit ajonc. Elle est assez commune en Europe occidentale mais on la trouve, ça et là, très localisée en Europe centrale ainsi qu’en Amérique du Nord.
Comment distinguer la Calluna vulgaris de la bruyère cendrée ?
La callune (Calluna vulgaris) est un sous-arbrisseau ligneux et tortueux qui peut vivre jusqu’à 40 ans. Ses fleurs sont des cloches roses ouvertes, penchées, en grappe simple.
Avec ses sépales pétaloïdes, la callune présente un aspect trompeur. En effet, le calice est formé de 4 sépales roses séparés et il est muni à la base de petites bractées vertes. On pourrait donc facilement croire qu’il s’agit de la corolle. En réalité, les pétales, au nombre de 4 eux aussi, sont plus courts et cachés par le calice. A l’œil nu, vous pourrez facilement observer cette particularité, ainsi que les 8 étamines.
Les feuilles sont persistantes, opposées et serrées sur 4 rangs et les fruits sont de petites capsules velues globuleuses.
La bruyère cendrée (Erica cinerea) est un sous-arbrisseau de 20 à 60 cm, à tiges tortueuses.
Ses feuilles sont verticillées par 3, longues de 3 à 6 mm, linéaires-étroites.
Les fleurs pourpres sont comme verticillées en grappe allongée. La corolle est nettement en grelot ovale (5 à 6 mm), à pétales soudés à 4 dents et un calice vert à 4 sépales plus petit que la corolle.
Le fruit est une petite capsule glabre et cendrée blanchâtre, allongée qui contient des graines rougeâtres très odorantes.
Histoire de la bruyère médicinale
La bruyère était peu à l’honneur chez les médecins jusqu’à Cazin (1788-1864) qui en a obtenu de bons résultats, en particulier dans le traitement de la cystite.
Cependant, c’est le docteur H. Leclerc (1870-1955) qui au XXIème siècle, a montré que la bruyère était un diurétique puissant et un bon antiseptique des voies urinaires. Il raconte l’avoir utilisé durant son séjour aux armées et avoir obtenu des résultats identiques et même supérieurs à ceux fournis par la busserole.
L’action de la bruyère dans la lithiase urinaire n’est pas clairement établie. La propriété de dissoudre les calculs que lui attribuaient les anciens semble surfaite.
Propriétés et principes actifs
En phytothérapie, ce sont les fleurs récoltées au début de leur épanouissement qui intéressent pour leur action contre diverses infections rénales.
Les flavonoïdes et les tanins présents ont une action anti-inflammatoire plus particulièrement ciblée sur les parois de la vessie. Ils permettent de soulager les douleurs très vives associées aux cystites. Cette action s’exerce aussi sur la prostate et complète l’action de la racine d’ortie dans le traitement de l’hypertrophie de la prostate.
La bruyère est fortement diurétique, propriété particulièrement intéressante dans les cas d’infections urinaires, pour éliminer les toxines. On l’associe généralement à la busserole, autre grande plante des cystites et puissant antiseptique, pour un bienfait optimal dans le cas de cystites et pour prévenir les récidives.
Partie utilisée et cueillette
On utilise les sommités fleuries avec leurs feuilles (juillet-octobre), fraiches de préférence. On cueille à la faucille (10 à 15 cm) en respectant la forme naturelle en boule des pieds de bruyère adulte. La bruyère est peu sensible à l’échauffement et on peut la laisser en sacs à l’ombre le temps de terminer sa récolte.
Il est important de laisser au moins un tiers de la station pour permettre sa régénération, mais aussi pour les abeilles sauvages et domestiques. En effet, la bruyère est très mellifère et sa floraison à la fin de l’été est une source de nectar précieuse qui permet aux abeilles de constituer leur stock de miel pour l’hiver.
Constituants
- Tanins
- Arbutoside
- Flavonoïdes
- Acides phénols
- Proanthocyanidols
Propriétés
- Diurétique
- Antiseptique urinaire
- Anti-inflammatoire
Indications usuelles
- Cystites et autres inflammations de l’appareil urinaire
- Oligurie
- Traitement adjuvant des calculs rénaux
- Inflammation d’origine rhumatismale
- Goutte
- Inflammation de la prostate
Les préparations à base de bruyère commune
La décoction infusée contre la cystite
L’infusion ou la décoction de la plante entière est diurétique, antiseptique et sédative de l’appareil urinaire. On préconise souvent la bruyère commune contre les cystites et les maladies de la prostate.
Avec une poignée de sommités fleuries dans 1 litre d’eau, faites une décoction à ébullition douce pendant 5 minutes, puis laissez infuser hors du feu pendant au moins 10 minutes.
En cas de cystite, consommez 50 cl de cette tisane dans la journée pour nettoyer votre système urinaire, tout en veillant à bien vous hydrater. Poursuivez la cure durant une semaine même si les signes douloureux ont disparu et que l’urine a retrouvé sa couleur claire et perdu son odeur désagréable.
A noter que cette tisane a également un effet sédatif et vous soulagera si vous la prenez dès les premiers signes de cystite.
L’alcoolature, antiseptique urinaire et antidouleur
Vous pouvez utiliser une alcoolature de bruyère commune pour traiter toutes les infections urinaires. Cette alcoolature est également efficace sur les douleurs rhumatismales et les arthrites.
L’huile solarisée, éclaircissante et apaisante
La macération d’inflorescence de bruyère dans de l’huile végétale possède plusieurs vertus. Elle est adoucissante et cicatrisante, en massage doux sur une cicatrice.
Elle diminue aussi les rougeurs et les dartres. Appliquée sur le visage, cette huile éclaircit le teint et a un effet décolorant sur les taches de rousseur.
En compresses tièdes, l’huile de bruyère soulage et apaise les rhumatismes et les engelures. On prépare cette huile en laissant macérer pendant 15 jours, 100 g de sommités fleuries dans 25 cl d’huile d’olive.
Les bains apaisant
En usage externe, un bain dans lequel on aura plongé 600 g de rameaux fleuris calmera les rhumatismes.
Les fleurs de Bach pour combattre l’anxiété
La bruyère commune entre aussi dans la thérapie florale du docteur Edward Bach (1886-1936), qui préconisait l’usage de 38 élixirs de fleurs (les « fleurs de Bach« ), pour rétablir l’équilibre émotionnel. Selon le docteur Bach, la teinture mère d’essence de callune traite efficacement les légers troubles émotionnels, l’hypertension et l’hypocondrie.
Précaution d’emploi
On n’a signalé à ce jour aucune toxicité lors de l’emploi de la bruyère commune. De même, aucun effet secondaire n’a été relevé, même en cas d’utilisation prolongée.
Nos sources pour rédiger cet article
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