L’achillée millefeuille est l’une de nos plantes les plus communes. C’est une belle herbacée particulièrement répandue dès que l’on monte en altitude, de 600 m jusqu’à 2500 m. En été, elle forme de larges bandes blanches qui décorent les petites routes de montagne. Dans cet article, découvrez ce que vous devez savoir à propos de l’achillée millefeuille.
Présentation générale
- Nom latin : Achillea millefolium
- Famille : Astéracées
- Autres noms : saigne-nez, herbe aux coupures, herbe aux charpentiers, herbe de la Saint-Jean, herbe de la Saint-Joseph, herbe militaire
L’achillée millefeuille fait partie des « herbes de la Saint-Jean« . Cette fête d’origine païenne était destinée à bénir les moissons. Aujourd’hui, elle est célébrée à travers le monde à quelques jours du solstice d’été. Le soir venu, on allume de grands feux pour fêter le retour de la lumière de l’été. Ce jour là, il est de tradition de récolter de l’achillée pour offrir un bouquet « porte bonheur » à ses amis.
Origine
L’achillée millefeuille est connue depuis des millénaires. Ce sont ses feuilles très découpées qui lui ont valu à cette plante le nom de « millefeuille ». La première partie de son nom « achillée », lui vient du héros grec Achille. Ce dernier se serait servi de l’achillée pour soigner les blessures de ses soldats. Les Celtes, qui connaissaient aussi les vertus de cette plante, entouraient sa cueillette de rites religieux.
Dans les campagnes, les gens utilisaient l’achillée millefeuille pour ses nombreuses propriétés médicinales. Ils déposaient aussi un sachet de graines d’achillée dans les tonneaux de vin pour mieux le conserver.
Terroir
L’achillée millefeuille est une plante vivace de 15 à 60 cm de haut, très fréquente en Europe et en Asie. Elle s’épanouit entre le mois de mai et la fin de l’automne en corymbes blanches, parfois roses, au long des chemins, des voies ferrées, dans les près, les terrains vagues et les friches.
C’est une plante qui affectionne plus particulièrement les sols frais, en plaine comme en montagne, où elle pousse jusqu’à 2500 m d’altitude. Elle est aussi très fréquente dans les jardins, où elle pousse en touffe et envahit les pelouses.
Comment la reconnaître – Description botanique
Les tiges sont sillonnées, presque rectilignes et mesurent de 50 à 80 cm de haut. Elles portent des feuilles alternes très divisées en segments étroits vert-gris.
Avec ses « fausses ombelles », un botaniste débutant pourrait facilement penser que l’achillée millefeuille appartient à la famille des Apiacées. Après un examen plus attentif, on s’aperçoit que les fleurs de l’achillée sont des capitules disposés en corymbes (les pédoncules ne partent pas d’un même point sur la tige).
Chaque capitule ressemble à une fleur unique mais en réalité, il est composé de 5 fleurs blanches ligulées. L’ensemble a l’aspect d’une corolle, avec au centre une douzaine de petites fleurs tubulées, blanches la plupart du temps et parfois purpurines.
Les fleurs de l’achillée s’épanouissent de juin à septembre. Ces caractères, joints à ceux des feuilles, étroites, aux bords presque parallèles, aux folioles disposés sur deux rangs et très finement découpées, la rendent facilement reconnaissable.
Histoire
D’après les recherches, l’achillée millefeuille faisait probablement déjà partie de la pharmacopée de l’homme de Neandertal.
Les médecins antiques la considéraient comme l’une des plantes vulnéraires les plus efficaces, c’est à dire parmi les plus aptes à guérir les blessures.
Hippocrate la conseillait déjà pour soigner les plaies de toute nature et calmer les hémorroïdes, les règles trop abondantes, et les crachements de sang. Au 1er siècle avant notre ère, Dioscoride la prescrivait contre les plaies saignantes et les ulcères.
La légende raconte que Jésus lui-même serait allé cueillir cette herbe pour soigner Joseph, son père, blessé par un de ses outils de charpentier. D’où ses noms vernaculaires d' »herbe de la Saint-Joseph » et « herbe aux charpentiers« .
Propriétés et principes actifs
L’achillée est une plante très riche en tanin, ce qui lui confère des propriétés astringentes. Aujourd’hui, c’est l’une des plantes les plus précieuses de la pharmacopée et en particulier pour traiter le syndrome prémenstruel et les règles douloureuses.
- L’achillée est une plante à tanins et à alcaloïdes (achilléine), ce qui lui donne des propriétés astringentes (contractent les muqueuses) et hémostatiques.
- Ses lactones sesquiterpéniques anti-inflammatoires et ses flavonoïdes lui permettent de décongestionner le foie et de faciliter la digestion.
- C’est un antispasmodique par ses flavonoïdes.
- Son essence de couleur bleue riche en azulène la rend anti-inflammatoire.
- C’est aussi un excellent cicatrisant en usage externe, résolutif sur les brûlures, les plaies non ouvertes, et les hémorroïdes
- De plus, l’achillée a une activité progestérone-mimétique intéressante en cas de règles douloureuses.
Usages
Usage externe
Les noms vernaculaires de l’achillée millefeuille disent qu’elle était tenue en estime par ceux que la profession exposait aux coups de sabre ou aux blessures d’outils.
Malgré cela, l’achillée millefeuille n’est pas conseillée sur les plaies saignantes. Elle risque au contraire de les irriter. L’emploi de l’achillée en tant que vulnéraire est limité à certains cas particuliers qui excluent tout usage sur une plaie fraîche.
Toujours en usage externe, l’achillée s’emploie sur les ulcères des jambes, les crevasses des seins, les fissures anales, les hémorroïdes et les gerçures. On se sert ici du suc frais de la plante écrasée et pressée dans un linge ou de pommade réalisée à base de son suc.
Il est possible de soulager les douleurs rhumatismales grâce à l’essence d’achillée mélangée à une pommade camphrée et frictionnée sur les parties douloureuses.
Usage interne
L’usage interne de l’achillée millefeuille a fait l’objet d’un grand nombre de travaux qui ont montré son utilité comme tonique-amère, hémostatique, emménagogue.
De nos jours, les vertus emménagogues de l’achillée millefeuille sont reconnues, et l’infusion de ses sommités fleuries est très efficace contre les troubles menstruels, douloureux ou non.
Les préparations à base d’achillée millefeuille
On emploie les sommités fleuries dont la récolte, en début d’épanouissement, est possible tout l’été.
Les tisanes
L’achillée millefeuille s’utilise en infusion de ses fleurs avec 10 à 20 g de fleurs fraîches pour 50 cl d’eau. Il est préférable de préparer cette infusion en petite quantités, car elle noircit vite et perd son arôme. (cures pour le foie et les jambes lourdes).
La teinture mère « à tout faire »
Pour la digestion, les hémorroïdes, les règles douloureuses, les bosses et les bleus, les piqûres d’insecte. Utiliser 15 g de sommités fleuries d’achillée fraîche mis à macérer dans 100g d’alcool à 45%.
L’huile solarisée
Utilisé comme lotion antirides.
Le vinaigre
Pour un après shampoing fortifiant, des gencives irritées ou les égratignures.
Le vin d’achillée
Pour les règles douloureuses, les hémorroïdes ou pour tonifier l’organisme.
Les contre-indications
- En raison de certains composants neurotoxiques et abortifs, elle est contre indiquée chez l’enfant de moins de douze ans et chez la femme enceinte.
- L’achillée peut produire lors de la cueillette des irritations sur les peaux fragiles.
- Elle est à éviter chez les personnes allergiques aux Astéracées.
- Elle ne doit pas être utilisée par les personnes qui suivent un traitement fluidifiant sanguin.
A savoir : les femmes doivent éviter de consommer la tisane d’achillée lorsqu’elles ont leurs règles et la prendront plutôt en préventif.
